Centre-Val de Loire Quand les céréaliers deviennent apiculteurs
La coopérative Axereal organise une formation pour faire mieux connaître l’apiculture aux céréaliers.
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Ils sont soixante-deux apiculteurs professionnels dans le Centre-Val de Loire. Un nombre en baisse : ils étaient une centaine il y a quatre ans. Lorsque Axereal a lancé, en 2016-2017, une formation sur l’apiculture pour les céréaliers, Manuel Roger, qui possède 800 ruches à Chabris (Indre), a répondu présent pour accompagner les jeunes recrues. « Plus nous serons nombreux, mieux ce sera, dit-il. Les agriculteurs ont un rôle à jouer dans l’implantation des cultures pour nourrir les abeilles. Les échanges autour de l’agronomie sont très riches. »De son côté, Matthieu Fleury, céréalier à Varennes-sur-Fouzon (Indre), a saisi l’opportunité de diversifier son exploitation : « Mon grand-père avait quelques ruches, pourquoi ne pas prendre la suite ? Les abeilles sont complémentaires de mes cultures en multiplication de semences et cet atelier peut m’apporter un revenu supplémentaire. »
Cap sur la biodiversité
Un des objectifs de la coopérative est de sensibiliser les agriculteurs à la biodiversité. « Quand on investit dans un rucher, on adapte ses pratiques agricoles », souligne Charlotte de Colonges, responsable communication chez Axereal, qui a mis au point cette formation. Après quelques jours de théorie au siège de la coopérative, les céréaliers passent à la pratique chez des professionnels. Manuel a accueilli Matthieu sept fois entre avril et juin 2017, pour lui montrer les différentes étapes et les bons gestes. Ce dernier a mis en place quatre ruches, puis vingt cette année. « Des ruches en quantité suffisante permettent d’optimiser la floraison de certaines cultures au même titre que certains oligo-éléments, affirme Matthieu. Pour la première fois, j’ai cultivé du sarrasin et les rendements ont été très élevés. Je réfléchis aussi à implanter des couverts mellifères. Avec quelques ruches sur les parcelles, ils seront vite rentabilisés. »
Loin des préjugés
Et sur la question épineuse des produits phyto ? « Je traitais déjà le soir et j’utilise toujours des néonicotinoïdes pour certaines cultures – le trèfle violet et la luzerne –, car il n’y a pas d’alternative », ajoute Matthieu. Loin des préjugés, le dialogue est serein avec Manuel. « Je n’aime pas stigmatiser les phytos. Les céréaliers ont leurs contraintes économiques. Une mauvaise gestion sanitaire et un manque de diversité des cultures sont les premières causes de mortalité des abeilles. En tant que consommateur et citoyen, je suis contre l’usage systématique des néonicotinoïdes, mais j’aurais du mal à chiffrer les pertes dues à ces produits sur mon chiffre d’affaires. » Sur les dix-sept céréaliers formés en 2017, trois sont devenus apiculteurs à temps plein, et la promotion de janvier 2018 compte une trentaine d’agriculteurs. De bon augure pour l’avenir.
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